— Baude, dit-il, savez-vous ce qui nous arrive ?
— Non.
— Un général !
— Quel général ?
— Le général Dubourg… Connaissez-vous cela ?
— Ni d’Ève ni d’Adam !… Est-il en uniforme ?
— Oui.
— Un uniforme fera très-bien ! Va pour le général Dubourg ! Nous le mettrons dans un arrière-cabinet, et nous le montrerons suivant les besoins.
Le général Dubourg entra aux cris de « Vive le général Dubourg ! »
On le conduisit dans l’arrière-cabinet désigné par Baude.
Quand il fut là :
— Que désirez-vous, général ? lui demanda-t-on.
— Un morceau de pain et un pot de chambre, répondit le général. Je meurs de faim et d’envie de pisser !
On lui donna ce qu’il réclamait.
Tandis qu’il dévorait son morceau de pain, Baude lui apporta deux proclamations à signer.
Il signa l’une sans difficulté, mais refusa de signer l’autre.
Baude la prit et signa, en haussant les épaules : baude, secrétaire du gouvernement provisoire.
Pauvre gouvernement provisoire ! il eût été curieux de voir comment il s’en fût tiré si Charles X était rentré dans Paris.
Arago était en route pour porter ces deux proclamations, lorsqu’il rencontra, vers la pointe Saint-Eustache, une nouvelle troupe qui allait attaquer le Louvre.
Il n’y put pas tenir.
— Bah ! dit-il, les proclamations attendront. Allons au plus pressé.
Et il alla au Louvre.
Le Louvre pris, il porta ses proclamations au National, et y annonça la victoire du peuple.
C’était là que le général la Fayette l’avait vu avec une cocarde tricolore, et s’était inquiété de son audace.