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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/176

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Lorsque Étienne sut que le général se rendait à l’hôtel de ville, il lit pour lui ce qu’il avait fait pour le général Dubourg ; c’est-à-dire que, de même qu’il avait couru à l’hôtel de ville annoncer à Baude l’arrivée du général Dubourg, il courut à l’hôtel de ville annoncer au général Dubourg l’arrivée de la Fayette.

Il faut rendre cette justice au général Dubourg, qu’il n’essaya pas même de disputer la place au nouvel arrivant, quoique celui-ci arrivât le dernier.

Il vint le recevoir sur le perron en s’inclinant avec respect et en disant :

— À tout seigneur, tout honneur !

Pendant cinq heures, il avait été maître de Paris ; pendant deux heures, son nom avait été dans toutes les bouches.

Il devait reparaître une seconde fois pour être chassé de l’hôtel de ville, une troisième fois pour manquer d’y être assassiné.

En arrivant, il avait fait amener le pavillon tricolore, et envoyé chercher un tapissier.

Le tapissier venu :

— Monsieur, lui dit le général, il me faut un drapeau.

— De quelle couleur ? demanda le tapissier.

— Noir ! répondit le général ; le noir sera la couleur de la France, jusqu’au moment où elle aura reconquis sa liberté !

Et, dix minutes après, le drapeau noir flottait sur l’hôtel de ville.


CLII


Le général la Fayette à l’hôtel de ville. — Charras et ses hommes. — Les prunes de Monsieur. — La commission municipale. — Son premier acte. — La caisse de Casimir Périer. — Le général Gérard. — Le duc de Choiseul. — Ce qui se passait à Saint-Cloud. — Les trois négociateurs. — Il est trop tard. — M. d’Argout chez Laffitte.

Une fois le général la Fayette installé à l’hôtel de ville, l’hôtel de ville se trouva aussi peuplé qu’il avait été désert jusque-là.