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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/209

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Cinq heures moins un quart, dit le maître de poste en regardant à sa montre.

— Croyez-vous que nous arrivions à Soissons avant onze heures du soir ?

— Ce sera difficile… Mais, enfin, on a fait tant de miracles depuis trois jours, qu’il n’y aurait rien d’impossible à ce que vous fissiez celui-là.

Et il ordonna au postillon d’enfourcher le cheval.

— Y êtes-vous ? demanda-t-il.

— Oui.

— Alors, en route, postillon ! et toujours au galop, tu entends ?

— C’est convenu, bourgeois, dit le postillon.

Et il enleva la voiture d’un galop enragé.

— Vous savez que les pistolets ne sont pas chargés ? me dit Bard.

— Bon ! on les chargera à Villers-Cotterets.

À six heures moins un quart, nous étions au Mesnil ; — nous avions fait près de quatre lieues en une heure.

Heureusement, il y avait des chevaux à la poste.

Notre postillon appela un collègue ; tous deux se mirent à la besogne, et, cette fois, afin que nous pussions aller plus vite encore, on nous, attela trois chevaux, au lieu de deux.

Je voulus payer le relais que nous venions de faire ; le maître de poste avait donné ses ordres : le postillon refusa l’argent.

Je lui donnai dix francs pour lui ; il nous recommanda à son camarade.

Et nous partîmes comme une trombe.

Par bonheur, le cabriolet était à l’épreuve. Une heure après, nous étions à Dammartin.

Notre drapeau tricolore faisait son effet. Les populations s’amassaient sur notre passage, et donnaient les signes du plus vif enthousiasme. Au relais de Dammartin, nous avions la moitié de la ville autour de nous.

— Cela va très-bien ! dit Bard ; seulement, je crois que,