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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/233

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Oui.

— Bon ! je vais vous ouvrir.

— Ce n’est pas la peine… Demandez à ces messieurs combien il y a de poudre d’artillerie dans le magasin.

— J’y vais.

J’attendis. À travers le trou de la serrure, je voyais Bard se hâtant vers la maison.

Il disparut, puis reparut quelques secondes après.

— Deux cents livres ! me cria-t-il.

— À merveille ! c’est toujours cela… Maintenant, jetez-moi la clef par-dessus la porte, ou glissez-la-moi par-dessous, que je puisse rentrer sans vous déranger.

— La voici.

— Bon ! Ne quittez pas votre poste surtout !

— Soyez donc tranquille.

Et, sur cette assurance, je repris, du même pas dont j’étais venu, le chemin de la maison de M. le lieutenant de roi.

Je retrouvai la même sentinelle à la porte de la rue ; seulement, il y avait un second factionnaire à la porte du cabinet.

Je m’attendais à me voir barrer le passage ; je me trompais.

Comme la première fois, je déposai mon fusil à la porte, et j’entrai.

La société s’était augmentée de deux personnes : outre le commandant de place et l’officier inconnu, il y avait maintenant, dans le cabinet assez étroit où je venais de faire ma rentrée, M. le marquis de Lenferna, lieutenant de gendarmerie, et M. Bonvilliers, lieutenant-colonel du génie.

Ces messieurs étaient chacun dans l’uniforme de son grade, et avaient, par conséquent, les uns le sabre, les autres l’épée au côté.

J’entrai et je refermai la porte derrière moi.

À peine me trouvai-je en face des quatre officiers, que j’eus quelque regret d’avoir laissé mon fusil dehors, car je compris qu’il allait se passer là, entre eux et moi, quelque chose de grave.

J’allongeai les mains le long des basques de ma veste de