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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/239

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

je me souviens, c’est qu’il ne fit aucune difficulté de me suivre.

Cinq minutes après, accompagné du maire, d’Hutin, de Moreau et de Quinette, j’ouvrais avec précaution la porte du cloître Saint-Jean, non sans avoir prévenu Bard que c’était moi qui ouvrais la porte.

— Entrez, entrez ! m’avait-il répondu.

J’entrai, et je vis la pièce en batterie ; mais, à mon grand étonnement, Bard avait complètement disparu.

Il était à vingt pas de son canon, perché sur un prunier. Il mangeait des prunes vertes !


CLVII


M. le maire de Soissons. — La poudre de la régie. — M. Jousselin. — La hache de l’entreposeur. — M. Quinette. — J’enfonce la porte de la poudrière. — Sortie triomphale de Soissons. — M. Mennesson tente de me faire arrêter. — Les gardes du duc d’Orléans. — M. Boyer. — Retour à Paris. — Ces diables de républicains !

Cette fois, grâce au bon conseil de M. Quinette, il était impossible d’agir plus légalement que nous n’agissions, puisque nous procédions, comme Bilboquet, avec autorisation de M. le maire.

Aussi le lieutenant-colonel d’Orcourt s’empressa-t-il de nous ouvrir la porte du magasin à poudre d’artillerie.

Ce magasin était le pavillon à droite de la porte en entrant.

Nous n’y trouvâmes, en effet, que deux cents livres de poudre, à peu près.

Je m’apprêtais à les emporter lorsque le maire les réclama pour la défense de la ville.

La réclamation était assez juste ; cependant, comme j’étais décidé à rapporter à Paris une quantité quelconque de poudre, peut-être allais-je recommencer avec M. le maire la scène que j’avais eue avec le commandant de place, lorsque le lieutenant-colonel d’Orcourt s’approcha de moi, et me dit tout bas :

— Il n’y a que deux cents livres de poudre dans le magasin