de l’artillerie, c’est vrai ; mais, là dans le pavillon en face, il y a trois mille livres de poudre à la ville.
J’ouvris de grands yeux.
— Répétez donc, lui dis-je.
— Trois mille livres de poudre, là…
Et il me montra du doigt le pavillon.
— Alors, ouvrons ce pavillon, et prenons la poudre.
— Oui, mais je n’ai pas la clef.
— Et où est la clef ?
— Chez l’entreposeur, M. Jousselin.
— Et où demeure M. Jousselin ?
— Un de ces messieurs vous conduira chez lui.
— Très-bien.
Je me tournai vers le maire.
— Monsieur le maire, je ne dis ni oui ni non, quant à votre demande : si j’ai d’autre poudre, je vous laisserai vos deux cents livres ; si je n’en ai pas, je vous les prendrai… Maintenant, ne perdons pas de temps, et distribuons-nous les rôles. Mon cher monsieur Moreau, chargez-vous de nous trouver chez des voituriers de la ville une voiture et des chevaux de transport : on payera voiture et chevaux ce qu’il faudra ; seulement, que, dans une heure, ils soient ici. Aussitôt la poudre chargée, nous partons… Est-ce dit ?
— Oui.
— Allez.
M. Moreau partit ; il était impossible de mettre plus d’entrain qu’il n’en mettait.
— Bard, mon ami, vous voyez que la situation se complique : reprenez votre position près de la pièce de quatre ; rallumez votre cigarette, et plus de prunes vertes, n’est-ce pas ?
— Soyez tranquille : à peine en ai-je mangé deux ou trois, et j’ai les dents horriblement agacées !… Aussi, pour toutes les poudres de M. Jousselin, je ne mordrais pas dans une quatrième !
— Vous, Hutin, allez chez M. Missa, afin de savoir ce qu’il a fait de son côté, et, s’il n’a rien fait, reprenez-lui la proclamation du général la Fayette ; elle peut nous être utile près