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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/251

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

En effet, les événements avaient rudement marché pendant les quarante-quatre heures qu’avait duré mon absence !

Voyons où l’on en était à mon retour, et comment on en était venu là.


CLVIII


Première proclamation orléaniste. — MM. Thiers et Scheffer vont à Neuilly. — La soirée à Saint-Cloud. — Charles X révoque les ordonnances. — Députation républicaine à l’hôtel de ville. — M. de Sussy. — Audry de Puyraveau. — Proclamation républicaine. — Réponse de la Fayette au duc de Mortemart. — Charras et Mauguin.

Je crois avoir fini un des précédents chapitres en disant : « Ce récit changea les dispositions de M. Thiers, qui, au lieu de faire son article, se leva et courut chez Laffitte. »

M. Thiers était orléaniste, ainsi que M. Mignet : un dîner chez M. de Talleyrand, dans lequel Dorothée avait été charmante, avait séduit les deux publicistes ; Carrel seul s’était séparé d’eux, et était resté républicain[1].

Aussi, dès le matin du 30, M. Thiers et M. Mignet avaient-ils rédigé une proclamation conçue en ces termes :

« Charles X ne peut plus rentrer dans Paris, il a fait couler le sang du peuple.
» La république nous exposerait à d’affreuses divisions ; elle nous brouillerait avec l’Europe.
» Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la Révolution.

  1. On a dit que je m’étais trompé au sujet de cette fondation. J’en appelle à M. Thiers lui-même, et à ses souvenirs de 1829.
     M. Thiers n’a pas oublié la réponse que lui fit, à un bal masqué, un domino qui donnait le bras à M. de Blancmesnil, réponse qui le força de quitter le bal à l’instant même.
     Peut-être, avec la permission du domino, trouverai-je moyen de raconter plus tard cette scène.