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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/252

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» Le duc d’Orléans ne s’est jamais battu contre nous.
» Le duc d’Orléans était à Jemmapes.
» Le duc d’Orléans est un roi citoyen.
» Le duc d’Orléans a porté au feu les couleurs tricolores ; le duc d’Orléans peut seul les porter encore ; nous n’en voulons point d’autres.
» Le duc d’Orléans ne se prononce pas ; il attend notre vœu. Proclamons ce vœu, et il acceptera la Charte comme nous l’avons toujours entendue et voulue.
» C’est du peuple français qu’il tiendra sa couronne ! »

Cette proclamation était évidemment la réponse à la note écrite de la main d’Oudard, et partie de Neuilly pour Paris à trois heures un quart du matin.

Malheureusement, la proclamation avait été huée place de la Bourse, et déchirée à tous les coins de mur où elle avait été affichée.

Le souffle révolutionnaire était encore déchaîné par les rues.

Thiers était rentré au National après avoir vu l’effet produit par sa proclamation.

La nouvelle du duc de Chartres sauvé lui était une occasion d’aller à Neuilly : toutes les portes s’ouvrent devant un messager qui vient annoncer à un père et à une mère le salut de leur enfant.

En arrivant chez Laffitte, il apprit que les négociations étaient nouées avec Neuilly.

Le duc d’Orléans correspondait directement avec M. Laffitte par l’intermédiaire d’Oudard et de Tallencourt.

Selon toute probabilité, la duchesse elle-même ignorait où en étaient les négociations.

Madame Adélaïde était, sans doute, mieux instruite des secrets du frère que la femme de ceux du mari : le duc d’Orléans avait grande confiance dans l’esprit presque viril de sa sœur.

Laffitte ne présidait plus son salon, qui était présidé par Bérard.