lui, la même observation ; car, tout à coup, il jeta la plume en s’écriant :
— Le diable m’emporte si je sais que leur dire, moi !
— Eh ! mon Dieu, reprit Odilon Barrot, laissons ces messieurs écrire leur lettre, et contentons-nous de la signer… Ils s’y entendent mieux que nous.
Et l’on passa la plume à Charras.
En un instant la proclamation fut troussée.
Charras en écrivait la dernière ligne lorsque entra le général Lobau ; sans doute, lui aussi cherchait le gouvernement provisoire.
— Ah ! pardieu ! dit Charras, voilà bien notre affaire ! puisque nous avons un vrai général sous la main, faisons-lui signer notre proclamation.
On s’adresse au général Lobau, on lui explique la situation, on lui lit la lettre ; mais le général Lobau tourne la tête.
— Oh ! dit-il, non ! je ne suis pas assez fou pour signer cela.
Et il sortit. — Hein ? fit Charras.
— Cela ne m’étonne pas, dit Mauguin. Tout à l’heure, ils ont refusé de mettre leur signature à un ordre d’alter enlever les poudres de Soissons.
C’était mon ordre.
— Alors, il recule ? dit Charras.
— Sans doute.
— Mais, sacrebleu ! en révolution, s’écria Charras, l’homme qui recule trahit !… Je vais le faire fusiller.
Odilon Barrot et Mauguin bondirent.
— Le faire fusiller ! y pensez-vous ?… Faire fusiller le général Lobau, un des membres du gouvernement provisoire… Et par qui le ferez-vous fusiller ?
— Oh ! que cela ne vous inquiète pas ! dit Charras.
Et, entraînant Mauguin vers la fenêtre :
— Voyez-vous, dit-il en lui montrant ses cent cinquante hommes, voyez-vous ces gaillards qui sont là-bas autour d’un drapeau tricolore ? Eh bien, ils ont pris avec moi la caserne de Babylone ; ils ne connaissent que moi, ils n’obéissent qu’à