Odilon Barrot se mit lui-même à la recherche : le gouvernement provisoire resta aussi inconnu que le passage du pôle nord.
On s’adjoignit Mauguin.
Mauguin n’en put découvrir davantage.
Ce qu’il y avait de curieux, c’est que ceux-là mêmes qui étaient le plus au courant de la chose semblaient croire à l’existence fantastique de ce gouvernement provisoire.
Lassés de ces recherches inutiles, les deux élèves, toujours accompagnés d’Odilon Barrot et de Mauguin, revinrent dans la salle à la grande table, aux bouteilles vides et au plumitif.
On se regarda un instant dans le blanc des yeux.
— Mais, enfin, dit Charras, je ne puis cependant pas aller enlever un régiment sans avoir au moins une lettre pour les officiers.
— Je vais vous l’écrire, dit bravement Mauguin.
— Je vous remercie de tout mon cœur, dit Charras ; mais, pour des soldats, vous ne serez jamais, quelque mérite et quelque courage que vous ayez, que M. l’avocat Mauguin…
J’aimerais mieux une lettre du général la Fayette. — Eh bien, reprit Mauguin, je vais rédiger cette lettre, et vous la lui ferez signer.
— Bon !
Mauguin prit la plume du scribe solitaire, qui interrompit un instant ses écritures enragées, se leva et alla explorer, les unes après les autres, les vingt-cinq ou trente bouteilles dont la table était encombrée. L’exploration fut inutile ! — On eût dit qu’il cherchait le gouvernement provisoire.
Cependant, Mauguin écrivait.
À mesure qu’il écrivait, Charras lisait par-dessus son épaule, et, tout en lisant, il secouait la tête.
— Qu’y a-t-il ? lui demanda Odilon Barrot.
— Oh ! dit Charras assez bas pour ne pas être entendu de Mauguin, il y a que ce n’est pas comme cela qu’on écrit à des militaires… ta ta ta ta ta !…
Sans doute que Mauguin faisait, en même temps et à part