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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/294

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NOTES

toute cette mise en scène se réduirait à avoir effrayé tout au plus une femme » et menacé avec un pistolet un homme sans armes pour se défendre. M. Dumas cite à l’appui de son récit le Moniteur du 9 août 1830, dans lequel l’épisode de Soissons est raconté (il en est le narrateur sans aucun doute) ; il ajoute : « Ce récit n’a pas été démenti ; donc, il est vrai. » M. Dumas est encore dans l’erreur : mon père a protesté ; il a démenti à deux reprises différentes ; mais, à cette époque où la bonne foi n’était pas de rigueur, on refusa les colonnes du Moniteur à la réclamation de l’ex-commandant de place de Soissons. Il n’était pas, il est vrai, partisan du nouveau gouvernement.

» Je n’entends, du reste, engager aucune polémique avec M. Dumas ; j’ai rétabli la vérité des faits, et je ne répondrai à aucune attaque de sa part, dans les journaux ; il est facile, mais triste, de ternir la vie des hommes les plus honorables quand ils ne sont plus. Si mon père vivait, il n’eût certes pas laissé à ses fils l’honneur de défendre sa conduite, il s’en serait chargé lui-même.

» Un dernier mot, pour terminer cette rectification, si longue bien malgré moi : mon père reçut, en quittant Soissons, les témoignages de sympathie les plus flatteurs. Le général Gaillebois, qui remplaça le général Sérant, lui offrit son influence pour lui faire obtenir un emploi. Les plus honorables habitants de Soissons, ceux mêmes qui ne partageaient pas ses opinions politiques, voulurent lui serrer la main, et lui exprimer leurs regrets de ne plus le voir parmi eux. Ce souvenir d’estime des habitants de cette ville fut toujours précieux à mon père ; c’eût été manquer à sa mémoire de ne pas prouver qu’il en fut toujours digne.

« Recevez, monsieur le rédacteur de la Presse, l’assurance de ma considération distinguée.

» Le chevalier de Liniers. »

« M. Alexandre Dumas, a qui nous avons communiqué cette réclamation, mû par un sentiment de convenance qui sera apprécié, a désiré borner sa réponse à la reproduction du rapport qui a paru dans le Moniteur du 9 août 1850. Il est vrai que M. de Liniers essaye d’infirmer l’autorité de ce rapport en alléguant que l’hospitalité du Moniteur n’a pas été accordée à la réponse itérative de son père. Il est regrettable, si le Moniteur a réellement refusé ses colonnes, que l’ancien commandant de la place de Soissons n’ait pas eu l’idée d’adresser ses plaintes à l’un des journaux légitimistes qui paraissaient en 1830, à la Gazette de France ou à la Quotidienne, qui se seraient évidemment empressées de les accueillir. Dans l’état des choses, nos lecteurs ont à