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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/299

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NOTES

de réclamer pour mon compte, que ce serait, à mes yeux, un devoir de réclamer pour celui de mes anciens collègues.

» La commission municipale de 1830 n’a pas constitué un gouvernement aussi inactif, aussi introuvable que M. Alexandre Dumas se complaît à l’affirmer. Il s’en serait convaincu lui-même à cette époque, s’il eût seulement jeté les yeux sur les murs de Paris, placardés chaque jour de nombreux décrets. Il les retrouvera dans les journaux du temps, si cela lui convient. Nous ne nous réunissions pas chez M. Laffitte, comme il le dit : tous nos actes étaient datés de l’hôtel de ville, où était notre siège, et où chacun pouvait nous parler. M. Dumas reconnaît lui-même que nous y avons reçu, dès le 29 juillet, c’est-à-dire dès le jour même de notre installation, MM. de Sémonville, d’Argout et de Vitrolles, qui venaient conférer avec nous au nom de Charles X ; il reconnaît également que, quatre ou cinq jours plus tard, nous avons reçu M. de Sussy, qui voulait déposer entre nos mains le décret royal rapportant les ordonnances ; il reconnaît, enfin, que nous avons reçu une députation républicaine présidée par M. Hubert. Il nous eût trouvés comme tout le monde, si toutefois il nous eût cherchés réellement, et il eût été entendu, s’il avait eu des choses importantes à nous faire connaître ; autrement, j’avoue qu’il eût été fort peu écouté.

» De notre conférence avec MM. de Sémonville, d’Argout et de Vitrolles, il ne rapporte que le mot de M. de Schonen, si connu de tout le monde : Il est trop tard ! Mais ce mot ne terminait pas la discussion ; au contraire, il la faisait naître, car il s’agissait précisément de savoir s’il était ou n’était pas trop tard. Charles X disposait encore de forces considérables : aux troupes qui l’entouraient allaient se joindre quarante pièces d’artillerie qui venaient de sortir de Vincennes, un régiment suisse qui arrivait d’Orléans, et le camp de Saint-Omer, qui était appelé. Loin de penser à prendre l’offensive, nous craignions une attaque. La nuit du 29 au 30 juillet fut pleine d’alarmes, et nous n’avions avec nous que deux ou trois régiments de ligne dont nous ne pouvions pas nous servir, parce qu’ils avaient stipulé, en acquiesçant à la cause populaire, qu’on ne les exposerait pas à combattre contre leurs frères d’armes. Aussi nous parut-il indispensable d’ordonner la création de vingt régiments de garde mobile. On se trompe, et l’on juge d’après les événements, quand on croit que Charles X était à bout de ressources dès le 29 ou le 30 juillet : la faiblesse de son caractère et l’incapacité de ses conseils ont été pour beaucoup dans le changement de sa fortune.

» Suivant M. Dumas, nous aurions accueilli M. de Sussy avec une bienveillance marquée ; M. Dumas se trompe : M. de Sussy fut sans doute écouté avec politesse, mais non avec bienveillance. Ce qui le