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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/73

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Oh ! mieux que cela : j’en ai quarante-deux mille.

M. d’Haussez secoua la tête d’un air de doute.

— Tenez, dit le président du conseil en lui jetant d’un côté à l’autre de la table un papier roulé, voyez plutôt vous- même.

M. d’Haussez déroula le papier, et, additionnant les chiffres :

— Mais, dit-il, je ne vois ici que treize mille hommes, et treize mille hommes sur le papier, cela veut dire à peine sept à huit mille hommes sur le champ de bataille… Et où prenez-vous les vingt-neuf mille qu’il vous faut encore pour compléter votre total de quarante-deux mille ?

— Soyez tranquille, répondit M. de Polignac, ils sont répandus autour de Paris, et, au bout de quelques heures, s’il le faut, ils seront sur la place de la Concorde.

Les ordonnances furent signées le lendemain.

Au moment de cette signature, le roi avait le dauphin à sa droite et M. de Polignac à sa gauche ; les autres ministres complétaient le cercle et entouraient la table verte.

Chacun signa à son tour.

M. d’Haussez reproduisit ses observations de la veille.

— Monsieur, lui dit Charles X, refusez-vous votre concours à vos collègues ?

— Sire, répondit M. d’Haussez, qu’il me soit permis d’adresser une question au roi.

— Laquelle, monsieur ?

— Le Roi est-il décidé à passer outre, dans le cas où l’un de ses ministres ou plusieurs d’entre eux se retireraient ?

— Oui, monsieur, répondit Charles X avec fermeté.

— Alors, dit le ministre de la marine, je signe.

Et il signa.

Cinq minutes après, tout le monde était debout, et Charles X, passant près de M. d’Haussez, qui regardait avec attention les murailles, lui demandait :

— Mais que regardez-vous donc ainsi, monsieur d’Haussez ?

— Sire, répondit le ministre de la marine, je cherche s’il