Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il appela le pilote, lui dit quelques mots tout bas, me montra à lui de l’œil ; le pilote fit, de la tête, un signe d’acquiescement.

— La ! dit le capitaine, voilà une affaire bâclée !

Puis, s’adressant aux matelots qui avaient amené le navire à pic :

— En haut du monde, pour larguer les huniers et les basses voiles, les focs et la brigantine !

— Ah çà ! capitaine, lui dis-je, n’allez pas m’en faire autant, à moi, que Bougainville à son ami le curé de Boulogne !

— Oh ! soyez tranquille… D’ailleurs, je ne fais pas le tour du monde[1] !

Et, se tournant vers ses hommes :

— Range à hisser et à border les huniers ! cria-t-il.


CLXX


Le déjeuner sur le pont. — Saint-Nazaire. — À quoi ne pensent jamais les maris. — Noirmoutiers. — Belle-Île. — Je quitte les deux Pauline. — L’échelle de cordes. — Le canot. — Un bain complet. — L’auberge de Saint-Nazaire. — Je jette l’argent par les fenêtres. — Une fournée d’habits. — Retour à Paris.

Pendant que la manœuvre s’exécutait, je rejoignis nos deux époux.

— Eh bien, monsieur, me dit la jeune femme, voici le moment de retourner à terre, et vous allez me quitter.

— Pas encore, madame, lui dis-je.

Son regard s’arrêta sur moi.

— Pas encore ? répéta-t-elle.

— Non, madame ; j’ai obtenu du capitaine de ne vous quitter qu’au dernier moment… Je déjeune avec vous, et nous avons encore quelques bonnes heures à parler ensemble de la France.

— Merci, monsieur, me dit à son tour le mari.

  1. Voir le Curé de Boulogne, p. 59 du t. II de Bric-à-Brac.