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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/133

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— La France, en reconquérant, en 1823, l’Espagne aux idées absolutistes, a commis un crime politique ; elle doit donc une réparation à l’Espagne. Cette réparation sera donnée éclatante, complète !

C’était à M. Louis Viardot que M. Guizot avait dit ces paroles en l’invitant à les répandre.

On voit que nous n’allons pas à tâtons ; que nous n’accusons pas au hasard ; nous citons non-seulement les paroles dites, non-seulement les hommes qui les ont dites, mais encore les hommes à qui elles ont été dites.

Et, là-dessus, toutes ces victimes de Ferdinand VII, qu’on appelait Mendizabal, Isturitz, Calatrava, le duc de Rivas, Martinez de la Rosa, le comte de Toreno, le général Mina, le colonel Moreno, le colonel Valdès, le général Torrijos, le général Chapalangara, le général Lopès Baños, le général Butron, levèrent les bras au ciel et crièrent Hosannah !

En effet, des armes étaient envoyées si publiquement par MM. Guizot et de Montalivet, que l’ambassadeur d’Espagne, M. d’Ofalia, en lit l’objet d’une note diplomatique.

Nous avons dit, de Ferdinand VII d’Espagne, qu’il était aussi niais et presque aussi lâche que son aïeul Ferdinand IV de Naples ; nous aurions dû dire qu’il était plus lâche, car, à ce seul bruit d’armes qui se faisait en France, à ces seuls cris de liberté qui se poussaient dans le Midi, à ce seul roulement de tambours qui s’approchait de la frontière, il fit amende honorable, et reconnut Louis-Philippe avec l’expression de tous ses regrets d’avoir tardé si longtemps.

Or, quoiqu’il eût, comme nous l’avons dit, presque offert la corde pour le pendre, le nouveau roi voulait le repentir et non la mort du pécheur ; il retira, sans leur en rien dire, la main qu’il avait étendue sur les réfugiés espagnols, et ceux-ci, abandonnés à eux-mêmes, c’est-à-dire livrés à la vengeance de Ferdinand, furent tués, les uns sur le champ de bataille, et les autres, — oh ! ceci, c’est triste, c’est douloureux, c’est honteux à dire ! — les autres, poursuivis jusqu’au delà de la frontière, furent pris et fusillés sur le territoire français !…