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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/134

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Oh ! sire, sire, ne sont-ce point les ombres de ces martyrs qui, vous apparaissant, le 24 février, firent de vous le roi inerte et fugitif qui alla s’abattre sur la place de la Révolution, au pied de l’Obélisque, à l’endroit même où était tombée la tête de cet autre roi qu’on appelait Louis XVI ?

Quant à l’Italie, soulevée par les promesses de la Fayette, promesses que le vieux général croyait pouvoir tenir ; quant à l’Italie, qui ne demandait pour accomplir sa révolution, que la présence d’un corps d’armée sur les Alpes, elle regarda en vain du côté de l’Occident : la route d’Annibal, de Charlemagne et de Napoléon resta solitaire ?

Quant à la Pologne, on sait le mot immortel de M. Sébastiani : « L’ordre règne à Varsovie ! »

À l’intérieur, la réaction n’était pas moins visible.

D’abord, on avait choisi pour ambassadeur à Londres M. de Talleyrand, ce Méphistophélès politique qui avait vu trépasser entre ses mains, et devant son sourire de squelette, la République, le Directoire, l’Empire et la Restauration.

L’abolition de la peine de mort avait avorté à la Chambre.

Enfin, l’ordre avait été donné de faire disparaître de la face des monuments publics la trace des balles de juillet.

Il est vrai que cette dernière ordonnance n’avait point passé sans opposition.

À mon retour à Paris, les murailles étaient encore couvertes d’une protestation qu’on me permettra de citer, parce que le caractère de l’époque est tout entier dans les quelques lignes qui la composent, et que le plus grand mérite de ces Mémoires doit être de conserver et de reproduire intacte pour l’avenir toujours disposé à devenir myope, la physionomie des temps au milieu desquels j’aurai vécu.

Voici cette protestation :

RESPECT AUX MONUMENTS.

« Chacune de nos époques de gloire a ses trophées et ses monuments ; le grand homme a sa colonne de bronze et ses