Quelle page d’histoire ira dire à la postérité à quel prix s’écroula cette monarchie de mille ans, vieillie dans le despotisme ? Quel monument apprendra à nos neveux que, là, derrière ces colonnes mutilées, leurs pères tombaient en défendant la liberté ?
» Notre charte, replâtrée en un jour, est-elle un monument digne du peuple roi ?
» Nous n’avons à nous que des tombeaux, les traces des balles empreintes sur nos murs, et les sillons de mitraille, qui décorent le fronton de nos palais. Ce sont là nos bas-reliefs, nos inscriptions, nos fastes de la grande semaine ; le peuple y lit sa gloire, et le roi y trouve des leçons. Sur ces noires murailles, temple des sciences et des arts, les balles de Charles X ont écrit, en caractères ineffaçables, ce que nous pouvions attendre, non-seulement de l’amour, de la reconnaissance, mais encore de l’impartialité d’un Bourbon ! Là, si on en eût religieusement conservé l’empreinte, peut-être eussions-nous retrouvé la trace des balles d’un autre Charles !…
» Quelle main vandale vient donc s’attaquer aujourd’hui à ces nobles vestiges ? Un ordre sacrilège, émané de je ne sais quel pouvoir, voudrait faire disparaître ces brèches sublimes ! Qu’elles disparaissent, et bientôt on oubliera que des milliers de victimes sont tombées pour un principe, et que le sang a ruisselé pour une liberté éphémère qui ne nous a souri que trois jours ! Sont-ils des amis, sont-ils des frères, ceux qui osent ainsi insulter à nos exploits ? Les Autrichiens, les Russes, les Prussiens, respectèrent notre Colonne, nos arcs de triomphe, et les insignes honteux du vainqueur du Trocadéro souillent encore l’arc de triomphe du vainqueur d’Austerlitz ?
» Courage, hommes du lendemain ! courage ! finissez-en avec l’héroïsme ! arrachez ces croix de bois, déchirez ces drapeaux tricolores qui décorent la tombe de nos frè-