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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/153

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

J’avais remis mon rapport au général la Fayette, et, sans doute, le général la Fayette l’avait remis au roi ; car, cinq ou six jours après mon arrivée, je reçus une lettre d’Oudard, qui m’invitait à le venir voir.

Je me rendis aussitôt au Palais-Royal ; malgré tout ce que m’avait fait mon ancien chef de division, j’avais pour lui une affection réelle.

Ma conviction était que lui, comme M. Deviolaine, m’avait cru incapable, et que c’était dans cette persuasion qu’il s’était opposé à mes travaux

— Comment se fait-il, me demanda Oudard, que vous soyez de retour à Paris depuis huit ou dix jours, et que nous ne vous ayons pas encore vu ?

— Mais, lui dis-je, mon cher Oudard, vous savez bien que je ne me regarde plus comme faisant partie des bureaux.

— Laissez-moi vous répondre que, tant que vous n’aurez pas donné votre démission, nous vous regarderons, nous, comme des nôtres.

— N’est-ce que cela ? dis-je en prenant une plume et du papier. Alors, ce ne sera pas long !

— Bon ! dit Oudard en m’arrêtant la main, vous avez toujours le temps de faire une sottise… Dans tous les cas, je désire que vous la fassiez ailleurs que dans mon bureau.

Je posai la plume, et j’allai reprendre la place que j’occupais d’abord devant la cheminée.

Il y eut un moment de silence.

— N’avez-vous pas le désir de voir le roi ?

— Pour quoi faire ?

— Dame ! ne serait-ce que pour le remercier de la grâce qu’il a accordée à votre faux monnayeur.

— Ce n’est pas à moi qu’il l’a accordée, c’est à vous.

— Vous vous trompez ; c’est vôtre lettre qui a été mise sous ses yeux, et c’est sur votre lettre qu’il a écrit : Accordé.

— Vous le remercierez de ma part, cher ami… Vous savez bien mieux que moi parler aux têtes couronnées.

— Bah ! vous étiez si fort sur la manière de parler au roi Charles X !