— Eh bien, il n’y a rien, et il n’y aura rien dans la Vendée.
— Le roi me permettra-t-il, répondis-je en riant, de ne pas essayer de combattre son opinion, mais de rester dans la mienne ?
— Comment donc ! vous savez que mon influence ne s’étend malheureusement pas sur les opinions ; sans quoi, j’aurais déjà tenté de modifier la vôtre et celle de quelques-uns de vos amis.
— En attendant, le roi voudra-t-il bien, quand la conversation tombera sur ce sujet, que je dise ce que je pense ?
— Sur les dispositions de la Vendée ?
— Et sur la politique du roi…
— Dites-moi d’abord, à moi, ce que vous pensez de l’une et de l’autre.
— Eh bien, je pense qu’une guerre étrangère, sur le Rhin ou en Italie, serait une guerre populaire à l’heure qu’il est ; que le roi ne se soucie pas de faire cette guerre, mais qu’il n’est pas fâché d’avoir une excuse pour ne pas la faire.
— Ah ! ah !
— Cette excuse, la Vendée la lui offre.
— Comment cela ?
— Sans doute, comme le roi disait tout à l’heure, il est médecin, et, quand le roi aura à répondre à ceux qui lui parleront de la nationalité belge, italienne ou polonaise : « Pardon, messieurs, avant de s’occuper des autres peuples, la France a d’abord une inflammation d’entrailles à guérir chez elle ; » quand on tournera les yeux du côté de la Vendée, qu’on y entendra la fusillade, et qu’on verra la fumée, personne n’aura plus rien à dire, et le roi, ménager de son propre sang, n’aura pas, aux yeux des plus ardents propagandistes, la responsabilité du sang étranger.
Le roi se mordit les lèvres ; j’avais évidemment touché juste.
— Monsieur Dumas, me dit-il, c’est un triste métier que celui de la politique… Laissez ce métier-là aux rois et aux ministres. Vous êtes poëte, vous ; faites de la poésie.
— Cela veut dire ?