le disais, à un point que vous ne sauriez imaginer… Par exemple, tenez, je connais M. Charles Nodier…
— Vous connaissez Charles Nodier ?
— Oui, et certes assez pour lui demander une recommandation près de vous, près de M. Hugo ou près de tout autre ; eh bien, je n’ai jamais osé lui demander cela.
— Vous avez eu tort : Nodier est un excellent homme, et bien certainement, cette recommandation, il vous l’eût donnée.
— Je le sais bien… quoique j’aie commencé par vouloir le tuer ; mais comme, depuis, j’ai empêché qu’on ne le tuât, nous sommes quittes.
— Que diable me contez-vous là ?
— La vérité du bon Dieu.
— Comment la chose s’est-elle faite ?
— Ah bah ! il y en a trop long, et puis ce n’est pas bien intéressant…
— Vous vous trompez, mon ami, lui dis-je ; je ne suis pas fait comme les autres, et tout est intéressant pour moi. Quant à ce que vous me dites de la longueur du récit, eh bien, s’il traîne, je vous prierai de l’abréger.
— Nous sommes bien mal ici.
— En effet, voilà déjà deux fois que Jouslin de la Salle nous impose silence.
— On croira que je vous demande un rôle.
Et il se mit à rire d’un bon rire franc et en montrant de belles dents blanches.
J’aime les gens qui rient, quoique pauvres ; c’est qu’ils ont bon cœur et bon estomac.
— Écoutez, lui dis-je, vous n’êtes pas de l’acte qui va venir.
— Non, ni de l’autre non plus… Je ne reparais qu’à l’incendie de Moscou.
— Alors, montons au foyer, et vous me conterez votre histoire.
— Ah ! je ne demande pas mieux.
Nous passâmes du théâtre au foyer, et nous nous assîmes dans cette magnifique galerie, qui, le soir surtout, a l’air,