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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/21

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Tiens, cette farce !

Ce dialogue, comme on le comprend bien, se passait en aparté, tandis que le maréchal des logis, qui devait conduire les jeunes gens chez le colonel, était allé faire sa toilette militaire.

Il revint et monta dans le cabriolet, qui repartît au grand trot des chevaux, pour ne s’arrêter qu’en face de la maison habitée par le colonel.

À la porte, Charras, en homme de conscience, passa un des pistolets à Lothon.

— Bon ! dit Lothon, merci… Donne-moi l’autre à présent.

— Pour quoi faire ?

— Pour, voir s’ils sont en bon état, s’ils n’ont pas perdu leur amorce… Enfin, donne-le-moi.

— Le voici.

— Descends maintenant… Tu vois bien que le maréchal des logis t’attend.

Charras sauta à bas du cabriolet. On monta au premier.

À la porte, Charras se retourna vers Lothon.

— Et le pistolet ?

Lothon avait fourré le pistolet dans sa poche.

— Il est bien où il est, dit-il ; va toujours.

— Comment, il est bien où il est ?

— Oui, va donc !

Et il poussa Charras dans l’antichambre.

Lothon, par hasard, en ce moment-là, plus prudent que son camarade, venait de le désarmer.

Le lieu était mal choisi pour une querelle, et surtout pour une querelle de ce genre.

Les deux jeunes gens continuèrent leur chemin en dialoguant des yeux, mais muets, du reste, et, cinq secondes après, ils se trouvèrent dans le salon du colonel.

Le colonel Husson était un homme de quarante ans, à la figure vigoureusement accentuée, à là physionomie ferme et fière, un vrai type de soldat.

Il causait avec un des chefs d’escadron du régiment.

Il reçut nos deux messagers d’un ton poli mais réservé.