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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/288

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

1er janvier 1831, à neuf heures du matin, dans la cour du Palais-Royal. Sur quoi, nous nous quittâmes.

Je ne sais quelle cause, le 1er janvier 1831, me retint au lit un peu plus tard que de coutume ; bref, en regardant à ma montre, je m’aperçus que je n’avais que le temps, et bien juste, de m’habiller et de gagner le Palais-Royal.

J’appelai Joseph, et, grâce à lui, à neuf heures sonnantes, je descendais quatre à quatre les escaliers de mon troisième étage.

Il va sans dire que, comme j’étais énormément pressé, je ne trouvai ni fiacre ni voiture d’aucune espèce.

J’arrivai donc dans la cour du Palais-Royal à neuf heures un quart.

Cette cour était encombrée d’officiers qui attendaient que leur tour fût venu de présenter leurs félicitations collectives au roi des Français ; mais, au milieu de tous ces uniformes, celui de l’artillerie brillait par son absence.

Je jetai les yeux sur l’horloge, et, voyant que j’étais d’un quart d’heure en retard, je pensai que l’artillerie avait déjà pris la file, et que je la rejoindrais, soit dans les escaliers, soit dans les appartements.

Je montai donc rapidement l’escalier d’honneur, et j’arrivai dans la grande salle. Pas plus d’artilleurs que sur la main ! Je pensai que, comme les timbaliers de Victor Hugo, les artilleurs étaient passés, et je résolus d’avoir mon passage à moi tout seul.

Au reste, si j’avais été moins préoccupé de mon retard, j’aurais pu remarquer de quel œil étrange me regardait tout le monde ; mais, grâce à ma préoccupation, je ne vis rien, sinon que le groupe d’officiers auquel je me mêlai, pour entrer dans la chambre où était le roi, fit à l’instant même un mouvement du centre à la circonférence, lequel mouvement me laissa aussi complètement isolé que si j’eusse été soupçonné d’apporter le choléra, dont on commençait à s’occuper à Paris.

J’attribuai cette sorte de répulsion au rôle que l’artillerie avait joué dans les dernières émeutes, et, comme, pour mon