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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/305

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Dix minutes après les barricades achevées, le tocsin se fit entendre.

C’était signe que des troupes sortaient de Chartres.

Ces troupes étaient précédées d’un serrurier que l’on amenait sous l’escorte de deux gendarmes ; mais, dès les premières maisons de Lèves, le serrurier fut interpellé par d’ardents sectaires de l’abbé Ledru ; si bien que, profitant du premier moment d’hésitation des deux gendarmes, il glissa entre les jambes de celui de droite, gagna un jardin, et disparut dans les prés !

C’était le second serrurier qui fondait entre les mains de l’autorité. Cela rappelait ces arrière-gardes de l’armée de Russie qui fondaient entre les mains de Ney !

Les nouvelles troupes arrivaient pleines d’ardeur : on veilla à ce qu’elles ne se missent pas en contact avec l’escadron gangrené, et l’on résolut d’enlever les barricades de vive force.

Mais, en même temps, accourait au secours des insurgés une trentaine de patriotes chartrains, lesquels venaient, en amateurs, partager les dangers de leurs frères de Lèves.

Ils furent accueillis avec des cris de joie ! Plus que jamais la Parisienne et la Marseillaise tonnèrent, et le tocsin fit rage !

Le préfet et le général se mirent à la tête des chasseurs, et marchèrent sur la barricade.


CLXXXVIII


Attaque de la barricade. Un pendant à Malplaquet. — La Grenadier. — Les philanthropes chartrains. — Sac de l’évêché. — Un habit de fantaisie. — Comment l’ordre se rétablit. — Les petits et les grands coupables. — Mort de l’abbé Ledru. — Scrupules de conscience des anciens schismatiques. — Le Dies iræ de Kosciusko.

Comme, à cette époque, on faisait encore des sommations, le préfet somma les insurgés de se retirer. Ils répondirent par une grêle de pierres, dont une atteignit le général.