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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/47

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Vernon et Bernadou étaient en élèves de l’École ; Charles Ledru, en garde national à cheval, ancien uniforme, avec le casque ; Higonnet portait l’uniforme d’élève de l’École d’équitation de Saumur ; enfin, M. de Lagrange portait celui des chasseurs.

Au delà du quai de Billy, le général Exelmans était apparu.

— Me voici, Pajol, dit-il en se faisant jour jusqu’à celui-ci.

— C’est un peu tard… Mais n’importe, avait répondu Pajol, vous commanderez l’arrière-garde.

— Bien, avait répondu Exelmans.

Et il avait passé, en effet, à l’arrière-garde, où il trouva justement les Rouennais qui venaient d’arriver.

Au Point-du-Jour, Pajol arrêta son cheval.

— Mordieu ! dit-il, je parie une chose !

— Laquelle ? demanda-t-on.

— C’est que personne ici n’a une carte du département de Seine-et-Oise… Hé ! quelqu’un a-t-il une carte du département de Seine-et-Oise ?

Personne ne répondit.

— Voulez-vous que j’aille en chercher une ? demanda Charras.

— Où cela ?

— Est-ce que je sais !… Où il y en a, parbleu !

— Mais si vous ne savez pas où il y en a ?…

— Bon ! en cherchant, on trouve toujours.

Charras partit au galop. Il avait son idée.

Il entra à la manufacture de Sèvres ; il lui semblait impossible qu’il n’y eût pas de carte de Seine-et-Oise à la manufacture de Sèvres.

Il ne s’était pas trompé ; il y en avait deux.

Elles lui furent remises par mon homonyme, M. Dumas, le chimiste, naguère ministre, aujourd’hui sénateur.

À un quart de lieue avant Sèvres, Pajol recevait les deux cartes.

— Maintenant, Jacqueminot, dit Pajol, il nous faut du pain, et beaucoup… Partez pour Versailles et commandez dix mille rations.