Le reste de nos hommes éparpilla de la paille, et campa à la belle étoile autour de nous.
Quant à M. Detours, je ne sais s’il habite Paris ou la province, s’il vit ou s’il est mort, s’il est bonapartiste ou républicain, je ne l’ai jamais revu. Si je me rappelle son nom, c’est par un véritable miracle de ma mémoire.
CLXIV
Tandis que nous dormions comme des bienheureux, Delanoue et moi ; tandis que la seconde ligne, qui n’avait mangé qu’à moitié sa faim, se serrait le ventre ; tandis que la troisième ligne, qui n’avait pas mangé du tout, rugissait comme une bande de lions au désert ; tandis que les cochers ronflaient dans leurs fiacres ; tandis que les chevaux remâchaient leur foin et leur avoine ; tandis que les feux allumés çà et là s’éteignaient et jetaient leurs incertaines lueurs sur trois lieues de terrain couvertes de moissons foulées, d’hommes couchés, de fantômes errants, disons ce qui se passait à l’état-major.
À peine les gardes avancées venaient-elles d’être établies sur la route de Cognières à Rambouillet, qu’on avait amené à l’hôtellerie de la poste, à gauche de la route, un général qui avait essayé de franchir de force la ligne des sentinelles. Ce général portait encore la cocarde blanche : c’était le vieux général Boyer, que nous avons tous connu, qui eut, depuis, un commandement en Afrique, et qui, dans ce commandement, conquit, à tort ou à raison, le surnom de Boyer le Cruel.
Le général Pajol n’était pas encore arrivé. Dans la salle de