Peut-être aussi me semblait-il cela parce que j’avais envie de faire un voyage en Vendée.
J’allai trouver le général la Fayette.
Je ne l’avais pas revu depuis mon expédition de Soissons : il avait su que j’avais pris part à celle de Rambouillet ; en m’apercevant, il me tendit les bras.
— Ah ! me dit-il, vous voici enfin !… Comment, vous ayant vu pendant le combat, ne vous ai-je pas revu après la victoire ?
— Général, lui dis-je, j’ai laissé passer les plus pressés ; mais me voici à mon tour, et, de plus, je viens en solliciteur.
— Ah bah ! me dit-il en riant, voudriez-vous une préfecture, par hasard ?
— Non, Dieu m’en garde !… Je voudrais aller en Vendée.
— Pour quoi faire ?
— Pour voir s’il n’y aurait pas moyen d’y organiser une garde nationale.
— Connaissez-vous le pays ?
— Non, mais je l’apprendrai.
— Il y a quelque chose dans votre idée, me dit le général. Venez déjeuner avec moi un de ces matins, et nous causerons de cela.
— Ici, général ?
— Parfaitement.
— Merci, général… Et puis, en même temps, vous me direz une chose, n’est-ce pas ?
— Laquelle ?
— Vous me direz… c’est bien singulier ce que je vais vous demander là ; mais la chute des Bourbons ôte à ma question la moitié de sa gravité… Vous me direz comment il se fait qu’ayant été mêlé — je sais cela par Dermoncourt — à toutes les conspirations de Béfort, de Saumur et de la Rochelle, vous n’ayez jamais été arrêté.
La Fayette se mit à rire.
— Vous me faites une question qu’on m’a déjà faite plus d’une fois, et à laquelle je n’ai répondu, jusqu’à présent, qu’en attribuant cette impunité à ma bonne étoile. À l’époque où l’on m’adressait cette question, je devais répondre cela ;