ces génies qui viennent prendre part au dénoûment des drames fantastiques.
Mais, tout en éveillant mon enthousiasme, vers de Barbier ou même vers d’Hugo ne pouvaient éveiller mon émulation ; je me sentais tombé dans une si grande défaillance à l’endroit de la poésie ou de la prose, que je compris qu’il fallait laisser le temps à la secousse politique de s’éteindre en moi.
J’eusse voulu pouvoir rendre un service quelconque à la France ; je n’admettais pas que tout fût fini ; il me semblait qu’il y avait encore, dans tel coin de ce grand royaume, quelque chose à faire, et qu’un si puissant orage ne pouvait pas s’être ainsi calmé tout à coup. Enfin, j’avais le dégoût, je dirai presque la honte de ce qui se tripotait à Paris.
Pendant deux ou trois jours, je cherchai ce que je pouvais faire en dehors de ma vie habituelle, en dehors de mon passé, en dehors de mon avenir ; j’aurais pu rentrer au Palais-Royal, demander une mission quelconque, me faire envoyer en Prusse, en Russie, en Espagne : je ne voulus point ; j’avais juré de n’y pas rentrer, de ma propre volonté du moins.
Je tournai les yeux vers la Vendée.
Il y avait peut-être quelque chose à faire de ce côté-là.
À Saint-Cloud, Charles X avait eu un moment d’hésitation ; M. de Vitrolles lui avait parlé de la Vendée, et peu s’en était fallu qu’il ne s’y jetât.
À Trianon, M. de Guernon-Ranville avait été d’avis qu’un seul parti restait à prendre au roi : celui de se retirer à Tours, d’y convoquer les deux Chambres, les généraux, les hauts fonctionnaires publics, les grands dignitaires du royaume.
Sans doute, Charles X avait repoussé tout cela ; sans doute, Charles X allait gagner Cherbourg, et s’embarquer pour l’Angleterre, abattu et consterné ; mais, si l’ombre des victimes de Quiberon lui interdisait la Vendée, à lui, la Vendée était ouverte aux autres membres de sa famille.
Il me semblait qu’il fallait réagir d’avance contre une future Vendée ; que ce serait prudent, que ce serait politique, que ce serait humain.