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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/80

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

toutes celles de mademoiselle Georges au drame de Napoléon.

Il m’attendait pour causer des conditions, qui seraient, disait-il, celles que je poserais moi-même.

Je répondis à Harel que je partais pour la Vendée le lendemain ou le surlendemain ; que j’allais profondément réfléchir au sujet, et que, si j’y voyais un drame, je l’exécuterais et le lui enverrais.

Ce n’était point cela que voulait Harel ; mais il fallut bien qu’il se contentât de la promesse, si vague qu’elle fût.

D’ailleurs, il avait à jouer une pièce de Fontan : Jeanne la Folle.

Fontan était tout naturellement sorti de prison après les journées de juillet, sans lesquelles il en avait pour six ans à Poissy, et Fontan pressait ses répétitions.

J’allai faire mes visites d’adieu à M. Lethière, à M. de Leuven et à Oudard.

Oudard voulait à toute force me retenir à Paris, ou plutôt m’expédier à Pétersbourg avec M. Athalin, qui partait comme envoyé extraordinaire près de l’empereur Nicolas.

C’était une occasion toute trouvée pour moi d’avoir cette croix de la Légion d’honneur que j’avais ratée à la dernière promotion, malgré la lettre que M. le duc d’Orléans avait écrite à Sosthènes.

Je remerciai Oudard, et le priai de me regarder comme ne faisant plus partie de l’administration duco-royale.

Oudard insista beaucoup pour me faire renoncer à cette résolution, et je le laissai véritablement affligé de mon départ, qu’il comprenait bien être une rupture complète.

Enfin, le 10 août, c’est-à-dire le lendemain de la proclamation de la royauté de juillet, je montai en diligence, désespéré de ne pas trouver pour Paris un équivalent de l’adieu que Voltaire avait trouvé pour la Hollande.

Je m’arrêtai d’abord à Blois ; je voulais visiter son château tâché de sang, et je gravis l’échelle de rues par laquelle on y arrive. Je cherchai vainement, au-dessus du portail, la statue équestre de Louis XII devant laquelle madame de Nemours s’était arrêtée tout éplorée, pour demander vengeance du