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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/127

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Eh bien, cher monsieur Lesur, vous vous trompez, et les préjugés sur la naissance ne sont point vaincus, comme vous le dites.

Je connais, moi, et vous connaissiez aussi, vous, — je dis vous connaissiez, parce que je crois que vous êtes mort, — vous connaissiez, vous, un homme de talent, mieux que cela, un homme de génie, qui a fait sa fortune de haute lutte, et qui, malgré son talent, son génie, sa fortune, s’est constamment vu reprocher le hasard fatal de sa naissance. On l’a chicané sur son âge, sur son nom, sur son état social… Où cela ? Parbleu ! dans cette enceinte où l’on fait les lois, et où, par conséquent, l’on n’aurait pas dû oublier que la loi proclame l’égalité des Français en face les uns des autres.

Eh bien, cet homme, avec la merveilleuse persistance qui le caractérise, arrivera à son but : il sera un jour ministre ; eh bien, ce jour-là, qu’attaquera-t-on en lui ? Son opinion, son système, ses utopies ?… Non pas, mais sa naissance ! Et qui attaquera cette naissance ? Quelque plat coquin qui a le bonheur d’avoir un père et une mère, lesquels ont le malheur de rougir de lui !

Assez sur Antony, que nous allons laisser suivre son cours d’une centaine de représentations au milieu des émeutes, et revenons aux événements qui causaient ces émeutes.


CCI


Un mot sur la critique. — Molière jugé par Bossuet, par Jean-Jacques Rousseau et par Bourdaloue. — Un anonyme. — Les critiques du xviie siècle et ceux du xixeM. François de Salignac de la Motte de Fénelon. — D’où vient le mot Tartufe. — M. Taschereau et M. Étienne.

L’homme propose et Dieu dispose.

Nous avons terminé le chapitre précédent avec l’intention d’en revenir aux événements politiques ; mais voilà — puisque nous avons parlé de la critique — que l’envie nous prend de consacrer à l’honnête déesse un tout petit chapitre.