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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/128

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Il n’y aura, du reste, dans ce chapitre, ni haine ni récriminations. Nous ne sommes poussé que par le désir de divaguer quelques instants, et de mettre sous les yeux de nos lecteurs des jugements qui leur sont inconnus ou qu’ils ont oubliés.

Ceci, par exemple, est écrit, à propos des comédies de Molière en général :

« Il faudra donc que nous passions pour honnêtes les impiétés et les infamies dont sont pleines les comédies de Molière, ou qu’on ne veuille pas ranger parmi les pièces d’aujourd’hui celles d’un auteur qui a expiré, pour ainsi dire, à nos yeux, et qui remplit encore à présent tous les théâtres des équivoques les plus grossières dont on ait jamais infecté les oreilles de chrétiens… Songez seulement si vous oseriez soutenir à la face du ciel des pièces où la vertu et ta piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante !…

» La postérité saura peut-être la fin de ce poëte comédien, qui, en jouant son Malade imaginaire, reçut la dernière atteinte de la maladie dont il mourut peu d’heures après, et passa des plaisanteries du théâtre, parmi lesquelles il rendit presque le dernier soupir, au tribunal de celui qui dit : Malheur à vous qui riez, car vous pleurerez ! »

De qui croyez-vous que soit cette diatribe contre celui que la critique moderne appelle le grand moraliste ? De quelque Geoffroy ou de quelque Charles Maurice du temps ?

Eh bien, vous vous trompez ; c’est de l’aigle de Meaux, de M. de Bossuet[1] !

Voici, maintenant, à propos de Georges Gandin :

« Voyez comment, pour multiplier ses plaisanteries, cet homme trouble tout l’ordre de la société ! Avec quel scandale il renverse les rapports les plus sacrés sur lesquels elle est

  1. Maximes et Réflexions sur la comédie.