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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/147

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Pauvre Antony ! il ne lui manque plus que d’être accusé de violer la charte de 1830 !

« Et nous dirons ici toute la vérité : ce ne sont point les feuilles républicaines qui ont prêté leur appui à ce système odieux de démoralisation ; quelque reproche qu’on puisse leur faire d’ailleurs, on est forcé d’avouer qu’elles ont repoussé avec indignation la littérature satanique et le drame immoral, qu’elles sont restées fidèles au culte de la gloire nationale. Ce sont les journaux de la Restauration, c’est cette misérable direction des beaux-arts, qui, sous les yeux du ministère, donnent au monde civilisé le plus grand scandale : celui de contribuer à la publicité et au succès de ces productions monstrueuses qui nous ramènent à la barbarie, et qui finiront, si rien ne les arrête, par nous faire rougir d’être Français… »

Voyez-vous le collaborateur de M. de Jouy rougissant d’être Français, parce que M. Hugo a fait Marion Delorme, et M. Dumas Antony, et obligé de regarder la Colonne pour redevenir fier de sa nationalité !

« Mais pourquoi donner une prime à la dépravation ? pourquoi grever le budget de l’État d’une somme de deux cent mille francs au profit du mauvais goût et de l’immoralité ? pourquoi ne pas, du moins, les partager entre le Théâtre-Français et la Porte-Saint-Martin ? Il y aurait justice, car les droits sont égaux ; bientôt même le premier de ces théâtres ne sera que la succursale de l’autre, et celui-ci mérite bien toutes les sympathies de MM. les directeurs des beaux-arts. Il y aurait donc une inconséquence choquante, de leur part, à le laisser dans l’oubli. »

Pour cette fois, vous avez raison, monsieur l’académicien. La subvention doit être accordée, n’est-ce pas ? au théâtre qui donne des œuvres littéraires dont les années suivantes se souviendront, et qui resteront au répertoire. Or, voyons ce que