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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/149

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ordre et à l’existence de la civilisation, il s’élèverait une voix généreuse pour protester contre un emploi si abusif de la fortune publique, pour rappeler au ministre les devoirs que lui imposent les fonctions dont il est chargé. Le député qui parlerait ainsi serait sûr d’être écouté favorablement d’une assemblée dont les membres sont, tous les jours, témoins de cette licence inouïe des théâtres, destructive de toute morale, et en connaissent parfaitement tous les dangers.

» Quant à nous, nous reviendrons sur ce sujet, qui nous semble de la plus haute importance pour le repos des familles et, en général, pour la société. Nous avons pour nous tous les hommes de goût, tous les amis véritables de nos institutions, enfin, les honnêtes gens de tous les partis !… »

Eh bien, voilà qui est poli pour les spectateurs qui ont suivi les cent trente représentations d’Antony, les quatre-vingts représentations de Marion Delorme, les quatre-vingt-dix représentations de Richard Darlington, les six cent représentations de la Tour de Nesle, les quatre-vingt-dix représentations de Perrinet Leclerc, les cent vingt représentations de Lucrèce Borgia, les cent représentations d’Angèle, les soixante et dix représentations de Marie Tudor, et les cinquante représentations de Catherine Howard !

Qu’est-ce que c’était donc que ces gens-là, si vos gens, à vous, sont les « hommes de goût, » les « amis véritables des institutions, » les « honnêtes gens ? » Ce sont donc des goujats, des renverseurs de gouvernement, des gens de sac et de corde ? Diable ! prenez garde ! car ces gens-là, je vous en préviens, sont en grande majorité, non-seulement à Paris, mais encore dans la province !

Le moraliste du Constitutionnel termine ainsi :

« Nous sommes convaincu que les artistes mêmes du Théâtre-Français, qui voyaient avec satisfaction revenir à eux la partie éclairée du public, feront des vœux pour le succès de nos réclamations. Cela dépend de la Chambre et du ministre de l’intérieur. Des préoccupations politiques trop