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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/150

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

connues ont pu détourner son attention de la fausse et ignoble direction donnée au théâtre-Français : il n’y aurait plus pour lui d’excuse, maintenant qu’il sait la vérité.
» A. Jay. »

Peut-être aviez-vous cru, en commençant de lire cette dénonciation, qu’elle était anonyme ou signée d’une initiale, ou d’un signe maçonnique, ou de trois étoiles, plus ou moins ? Non pas ! elle est signée d’un nom d’homme, d’un nom de député, d’un nom d’académicien, du nom de M. Jay.

Aussi, le même jour où l’article avait paru, M. Jouslin de la Salle, directeur du Théâtre-Français, reçut-il ce petit billet, court mais clair :

« Défense est faite au Théâtre-Français de jouer Antony ce soir.

» Thiers. »

Je pris un cabriolet, et j’ordonnai au cocher de me conduire au ministère de l’intérieur.


CCIII


Mon explication avec M. Thiers. — Ce qui l’avait forcé de suspendre Antony. — Lettre de madame Dorval au Constitutionnel. — M. Jay couronné rosière. — Mon procès avec M. Jouslin de la Salle. — Il y a encore des juges à Berlin !

À quatre heures, je descendis à la porte du ministère. J’entrai tout droit, et je parvins au cabinet du ministre sans obstacle ; les garçons de bureau et les huissiers, qui m’avaient vu venir trois on quatre fois depuis quinze jours, c’est-à-dire depuis l’époque où M. Thiers, était ministre de l’intérieur, n’eurent pas même l’idée de me demander où j’allais.

M. Thiers travaillait avec son secrétaire.