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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/217

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

La bonne faisait le lit.

— Tiens, dit-elle, ce monsieur qui prend son fusil ! il ferait bien mieux de prendre sa redingote.

Décidément, mon costume donnait de l’esprit à tout le monde.

Je repris à fond de train le chemin de la mer.

Mon marsouin continuait de faire ses cabrioles.

J’entrai daus l’eau jusqu’à la ceinture ; je me trouvais à une cinquantaine de pas de lui : je craignis, en m’avançant d’avantage, de l’effrayer ; d’ailleurs, j’étais à bonne portée.

Je mis en joue, et je lâchai le coup.

J’entendis ce bruit mat de la balle entrant dans les chairs.

Le marsouin plongea et disparut.

Le lendemain, les pêcheurs le retrouvèrent mort dans les rochers aux moules. La balle lui était entrée un peu au-dessous de l’œil, et lui avait traversé la tête.


CCIX


Pourquoi M. Beudin venait à Trouville. — Comment je le connaissais sous un autre nom. — Prologue d’un drame. — Ce qu’il restait à trouver. — Part à trois. — Je termine Charles VII. — Départ de Trouville. — De quelle façon j’apprends la première représentation de Marion Delorme.

Le soir de cette aventure, le nouveau baigneur s’approcha de moi, et me fit compliment sur mon adresse. C’était une manière d’engager la conversation.

Nous allâmes nous asseoir sur la falaise, et nous causâmes.

Après quelques mots échangés :

— Pardieu ! me dit-il, il y a une chose dont vous ne vous doutez pas.

— Laquelle ? lui demandai-je.

— C’est que je suis venu ici à peu près pour vous.

— Comment cela, pour moi ?

— Vous ne me connaissez pas sous mon nom de Beudin ?

— Non, je l’avoue.