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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/218

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Mais vous me connaissez peut-être sous celui de Dinaux ?

— Bon ! le collaborateur de Victor Ducange !

— Justement.

— Le même qui a fait avec lui Trente Ans, ou la Vie d’un joueur ?

— C’est moi… ou plutôt c’est nous.

— Comment, c’est vous ?

— Oui, nous sommes deux : Goubaux et moi.

— Ah ! mais je connais Goubaux ; c’est un homme d’infiniment de mérite.

— Merci !

— Pardon… on ne peut pas être fort au fusil et dans la conversation… Au fusil, je ne vous eusse pas manqué.

— Vous ne m’avez pas manqué non plus ; du premier coup, vous m’avez dit que Goubaux était un homme d’esprit, et que j’étais, moi, un imbécile !

— Avouez que vous n’en avez rien cru ?

— Ma foi ! non.

Nous nous mîmes à rire.

— Eh bien, repris-je, comme vous ne me cherchiez sans doute pas pour recevoir le compliment que je viens de vous faire, dites-moi pour quoi c’était.

— C’était pour vous parler d’une pièce que Goubaux et moi, nous ne nous sentons pas la force de mener à bien, et qui, dans vos mains, deviendrait — plus le style — le pendant du Joueur.

Je m’inclinai en signe de remercîment.

— Non, parole d’honneur ! continua Beudin, je suis sûr que l’idée vous plaira.

— Avez-vous quelque chose de fait, ou est-ce encore à l’état de vapeur ?

— Nous avons le prologue, qui est déjà assez palpable…

Mais, quant au reste, il faut que vous nous aidiez à le trouver.

— L’avez-vous là, le prologue ?

— Non, rien n’est écrit encore ; mais je puis vous le raconter.

— J’écoute.

— La scène se passe dans le Northumberland, vers