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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/228

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Pour faire comprendre ce que vaut ce second acte, il faudrait le citer vers par vers. Toute la pièce, du reste, n’a peut-être qu’un défaut : son éblouissante poésie aveugle les acteurs ; il faudrait des artistes de premier ordre pour jouer les plus petits rôles. Il y a un M. de Bouchavannes qui dit quatre vers, je crois ; les deux premiers sur Corneille :

Famille de robins, de petits avocats,
Qui se sont fait des sous en rognant des ducats !

et les deux autres sur Richelieu :

Meure le Richelieu, qui déchire et qui flatte !
L’homme à la main sanglante, à la robe écarlate !

Faites donc dire ces quatre vers-là par un figurant, vous serez un bien grand maître ! ou faites-les dire par un artiste, vous serez un bien fin directeur !

Puis toute la discussion sur Corneille et sur Garnier, que j’ai imitée dans Christine, est d’un à-propos excellent.

Il était de bonne guerre, en effet, au moment où l’on nous accusait de détruire le bon goût, soutenu par M. Étienne, par M. Viennet et par M. Onésime Leroy, de remettre sous les yeux du public l’opinion que l’on avait de Corneille, lorsque M. le cardinal de Richelieu faisait censurer le Cid par l’Académie, la même qui nous censurait à notre tour ! — Quand je dis la même, c’est la même par succession, et non par filiation : les académiciens ne se reproduisent pas ; on sait que c’est à peine s’ils produisent.

Enfin, le deuxième acte est admirablement résumé par ce vers de Langely :

Çà ! qui dirait qu’ici c’est moi qui suis le fou ?

Puis vient le troisième acte, si plein de fantaisie, où Laffemas, l’homme noir de Richelieu, fait le pendant de l’Éminence grise ; où Didier et Marion viennent demander l’hospitalité au