Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

de la chambre même où l’on va signer le contrat ; au même moment, il entendra dans l’escalier les pas de Da Sylva et de sa fille. Pour ne pas être surpris avec Jenny, il n’aura plus qu’un moyen, c’est de la jeter par la fenêtre, et il l’y jettera.

— Je vous avoue que vous m’épouvantez avec vos moyens ! Au second acte, il casse la tête de Jenny contre un meuble, au troisième acte, il la jette par la fenêtre… Oh ! la la !

— Écoutez, laissez-moi toujours faire la chose comme je l’entends ; la chose faite, si elle est absurde, nous la supprimerons.

— Vous entendrez raison ?

— Moi ? Soyez tranquille ; une fois convaincu, je referai, s’il le faut, la pièce d’un bout à l’autre.

— À quand le premier acte ?

— Nous sommes… quel jour de la semaine ?

— Lundi.

— Venez dîner avec moi jeudi : il sera fait.

— Mais vos répétitions de l’Odéon ?

— Bah ! on a collationné les rôles aujourd’hui ; pendant une quinzaine de jours, on va lire autour d’une table, ou répéter les rôles à la main. Dans quinze jours, Richard sera fait.

— Amen !

— Adieu.

— Vous vous en allez déjà ?

— Je vais aller travailler.

— À quoi ?

— Mais à Richard donc ! croyez-vous que j’aie trop de temps ? Il n’est pas commode à engrener, notre premier acte.

— N’oubliez pas le rôle de Tompson !

— Soyez tranquille, je le tiens… Quand nous serons à la scène où Mawbray le tue, nous lui ferons une mort à la Shakspeare.

— Mawbray le tue donc ?

— Oui… Ne vous en avais-je pas prévenu.

— Non.