Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Diable ! cela vous contrarierait-il que Mawbray tuât Tompson ?

— Moi ? Pas le moins du monde.

— Vous me l’abandonnez ?

— Tompson ? Parfaitement.

— Alors, c’est un homme mort… Adieu !

Et je sortis tout courant, et revins me coucher. À cette époque, j’avais encore l’habitude de ne faire mes drames qu’au lit.

Pendant que j’écrivais le premier tableau du premier acte, Goubaux et Beudin faisaient la scène des élections, si vive, si animée, si pleine de caractère. Lorsque Goubaux vint dîner avec moi, le jeudi suivant, tout était prêt, et les deux tableaux pouvaient se souder l’un à l’autre.

Je me mis alors au second acte, c’est-à-dire à la partie vivante du drame. Richard, arrivé par son talent aux premiers rangs de l’opposition, refuse toutes les offres qui lui sont faites par les ministres ; mais, adroitement poussé en face d’un inconnu, cet inconnu lui fait non-seulement de telles offres, mais encore de telles promesses, que Richard vend sa conscience pour devenir le gendre de lord Wilmor, et être ministre.

C’est dans le second tableau de cet acte, que se passe la scène de divorce entre Richard et Jenny, scène imitée de Schiller.

Le mardi suivant, nous eûmes une nouvelle réunion. Tout allait à merveille, excepté la scène entre le roi et Richard. Je l’avais complètement manquée ; Goubaux s’en chargea et la refit telle qu’elle est, c’est-à-dire une des meilleures et des plus habiles de l’ouvrage.

Quant à la scène imitée de Schiller, voici le point d’imitation :

ACTE IV. — scène ix.

le roi. — Je ne me connais plus moi-même ! je ne respecte plus aucune voix, aucune loi de la nature, aucun droit des nations !

la reine. — Combien je plains Votre Majesté !