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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/33

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Nous le retrouverons sur les bancs de la Constituante de 1848.

Comme tous les hommes d’un grand génie, et qui, pilotes de leur propre pensée, ont eu à conduire ce génie à travers les orages religieux et politiques qui ont soufflé depuis trente ans, M. de Lamennais a été l’objet des jugements les plus opposés. Nous ne nous faisons ici ni son apologiste ni son accusateur ; nous essayons de lui rendre le service qu’il appartient à tout homme de cœur de rendre à un homme qu’il admire : nous essayons de le montrer aux autres tel qu’à nous-même il est apparu.


CXCII


Celui qui fut Gannot. — Le Mapah. — Son premier miracle. — Les noces de Cana. — Gannot phrénologue. — D’où lui venaient ses premières notions phrénologiques. — L’inconnue. — Changement opéré dans la vie de Gannot. — Comment il passe Mapah.

Encadrons M. de Lamennais, c’est-à-dire le grand philosophe, le grand poëte, le grand humaniste, entre un faux prêtre et un faux dieu. Après sa sanglante passion, le Christ fut crucifié entre deux larrons.

Nous allons raconter les aventures et exposer les doctrines du Mapah ou de celui qui fut Gannot.

C’est un des dieux les plus excentriques qui se produisirent de 1831 à 1845.

Les anciens divisaient leurs dieux en dii majores et en dii minores ; le Mapah était un dieu minor. Il n’en était pas moins amusant pour cela.

Ce nom de Mapah était le nom favori du dieu, celui sous lequel il désirait être adoré ; mais, n’oubliant pas qu’il avait été homme avant de devenir dieu, il se laissait humblement et modestement appeler, quelquefois même il s’appelait, parlant de sa propre personne, celui qui fut Gannot.

Il avait, en effet, ou plutôt il avait eu deux existences bien distinctes : celle de l’homme et celle du dieu.