Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/4

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
MÉMOIRES
DE
ALEXANDRE DUMAS


CLXXXIX


L’abbé de Lamennais. — Sa jeunesse. — Son entrée dans les ordres. — L’Empire jugé par lui. — Casimir Delavigne royaliste. — Deux vers de M. de Lamennais. — Sa vocation littéraire. — Essai sur l’indifférence en matière de religion. — Accueil fait à ce livre par l’Église. — L’académie du château de la Chesnaie.

Qu’on nous permette, maintenant, d’aborder un sujet plus grave, et de consacrer ce chapitre — ne fût-ce que pour faire opposition avec ceux qui précèdent — à l’un des plus beaux et des plus grands génies modernes, à l’abbé de Lamennais.

C’était deux mois après la révolution de 1830.

Du fond de la Bretagne, c’est-à-dire du château de la Chesnaie, arrivait un prêtre d’une quarantaine d’années, petit, nerveux, pâle, avec les cheveux en broussailles, le front à pic, la tête serrée aux coins, comme si elle était fermée par ces murailles osseuses qui, selon Gall, abolissent chez l’homme la convoitise, la ruse et l’acquisivité ; avec le nez long et dilaté aux ailes, signe de grande intelligence, selon Lavater ; enfin, avec le regard incisif et le menton résolu. Tout, dans les traits extérieurs de l’homme décelait une origine celtique.

Cet homme, c’était l’abbé de la Mennais, dont le nom s’é-