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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/63

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

L’ouvrier.

Hier, j’avais un lit : mon maître l’a vendu !

...............

« Silence ! Est-ce le vent de la nuit qui emporte leur prière, ou leur voix a-t-elle cessé d’interroger le ciel ?… Seront-ils consolés ? Qui le sait ? Dieu retient encore l’énigme entre ses mains puissantes, énigme terrible suspendue aux confins de deux mondes : le présent et l’avenir.
» Non, ils ne seront point abandonnés dans la route où le doute les accable, où la résignation les abat. Enfants de Dieu, ils auront leur part de vie et de soleil ; Dieu aime ceux qui le cherchent… »

Puis le prêtre, le soldat, le laboureur, l’ouvrier font place à d’autres, et l’apôtre reprend :

« Et à la suite de deux femmes, dont l’une était resplendissante de parure et d’audace, l’autre muette et voilée, un cortège où le grotesque se mêlait au terrible, le fantastique au réel, se rua dans l’enceinte, qui parut s’agrandir subitement pour contenir toute cette multitude, tandis que, de leur côté, les résignés, cédant la place aux nouveaux venus, se groupaient en silence non loin de leurs formidables devanciers.
» Et, celui qui est se disposant à adresser la parole aux arrivants, un d’entre eux, que je n’avais pas aperçu d’abord, s’approcha pour répondre au nom de ses acolytes.
» Et sur le front de cet interprète à l’encolure carrée, aux lèvres luisantes et avides, je lus en lettres d’or le mot Macairisme !
» Et celui qui est dit :
» — Qui êtes-vous ?
» — Les élus de la luxure, les apôtres de la joie.
» — D’où venez-vous ?
» — De la richesse.
» — Où allez-vous ?