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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 8.djvu/69

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

VII

» Descends de la montagne, ô France ! ô Liberté ! ce n’est pas là que tu trouveras ton fiancé. Tu le rencontreras dans la cité sainte, au milieu de la multitude.

VIII

» Le voici qui s’avance vers toi, la démarche fière et la poitrine couverte d’un triple airain ; tu lui passes au doigt l’anneau nuptial ; à tes pieds se trouve une couronne tombée dans la fange ; tu la lui places sur le front, et tu le proclames empereur. Ainsi paré, tu le contemples avec orgueil, et tu lui dis :

IX

» — Mon fiancé, vous êtes beau comme le premier homme. Ôtez de dessus mon front mon bonnet phrygien, remplacez-le par un casque au panache ondoyant, ceignez mes reins d’une épée flamboyante, et poussez-moi tout armée à travers les nations, afin que j’accomplisse dans la douleur le mystère d’amour, selon ce qui a été écrit, et que par moi la tête du serpent soit écrasée !

X

» Ce qu’ayant entendu ton fiancé, il répond : « Que ta volonté soit faite, ô France ! ô Liberté ! » Et il te pousse tout armée à travers les nations, afin que la parole de Dieu soit accomplie.

XI

» Pourquoi ton front est-il si pâle, ô France ! ô Liberté ! et pourquoi ta blanche tunique est-elle souillée de sueur et de sang ? Pourquoi marches-tu péniblement comme une femme en travail ?

XII

» C’est que ton fiancé ne te donne pas de relâche, et que l’enfantement est proche.