— Notre affaire est arrangée, me dit-il.
— Bon ! Et comment cela ?
— Votre pièce est reçue d’avance ; vous avez mille francs de prime en lisant, et l’on vous joue tout de suite.
— Où cela ?
— À l’Opéra-Comique.
Je crus avoir mal entendu.
— Hein ? fis-je.
— À l’Opéra-Comique, répéta Bocage.
— Oh ! la bonne histoire ! Et qui nous chantera cela ?
— On engagera des artistes.
— Lesquels ?
— Moi, d’abord.
— Vous ne jouerez pas la pièce tout seul ?
— Et puis Laferrière.
— Vous ne jouerez pas la pièce à vous deux ?
— Et puis une jeune fille qui est à Montmartre, et qui a beaucoup de talent.
— Elle s’appelle ?
— Oh ! vous ne la connaissez pas même de nom : elle s’appelle Ida ; elle commence.
— Et puis ?…
— Et puis un jeune homme qui m’est recommandé par votre fils.
— Comment, par mon fils ? À six ans et demi, mon fils fait déjà des recommandations ?
— C’est son pion.
— Je comprends ; il tient à s’en débarrasser. Mais, celui-là parti, il en aura un autre. Naïve enfance ? — Et comment s’appelle le pion de mon fils ?
— Guyon. C’est un grand garçon de cinq pieds six pouces, avec des cheveux et des yeux noirs ! une tête magnifique ! il nous fera un superbe Paolo.
— Va pour Paolo ! Après ?
— Après, nous aurons la troupe de l’Opéra-Comique, où nous pourrons puiser à pleines mains. — Ils chantent.
— Ils chantent, cela vous plaît à dire ; mais parleront-ils ?