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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Notre affaire est arrangée, me dit-il.

— Bon ! Et comment cela ?

— Votre pièce est reçue d’avance ; vous avez mille francs de prime en lisant, et l’on vous joue tout de suite.

— Où cela ?

— À l’Opéra-Comique.

Je crus avoir mal entendu.

— Hein ? fis-je.

— À l’Opéra-Comique, répéta Bocage.

— Oh ! la bonne histoire ! Et qui nous chantera cela ?

— On engagera des artistes.

— Lesquels ?

— Moi, d’abord.

— Vous ne jouerez pas la pièce tout seul ?

— Et puis Laferrière.

— Vous ne jouerez pas la pièce à vous deux ?

— Et puis une jeune fille qui est à Montmartre, et qui a beaucoup de talent.

— Elle s’appelle ?

— Oh ! vous ne la connaissez pas même de nom : elle s’appelle Ida ; elle commence.

— Et puis ?…

— Et puis un jeune homme qui m’est recommandé par votre fils.

— Comment, par mon fils ? À six ans et demi, mon fils fait déjà des recommandations ?

— C’est son pion.

— Je comprends ; il tient à s’en débarrasser. Mais, celui-là parti, il en aura un autre. Naïve enfance ? — Et comment s’appelle le pion de mon fils ?

— Guyon. C’est un grand garçon de cinq pieds six pouces, avec des cheveux et des yeux noirs ! une tête magnifique ! il nous fera un superbe Paolo.

— Va pour Paolo ! Après ?

— Après, nous aurons la troupe de l’Opéra-Comique, où nous pourrons puiser à pleines mains. — Ils chantent.

— Ils chantent, cela vous plaît à dire ; mais parleront-ils ?