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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 9.djvu/59

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— C’est votre affaire.

— Ainsi, c’est arrangé comme cela ?

— Sauf votre approbation. Cela vous convient-il ?

— Parfaitement.

— Alors, nous lirons demain aux acteurs.

— Lisons.

Le lendemain, je lus aux acteurs ; le surlendemain, la pièce était en répétition.

Je connaissais peu Laferrière ; mais déjà, à cette époque, avec moins d’habitude de la scène, il avait les éléments de talent auxquels il a dû, depuis, sa réputation comme le premier amoureux qui soit de la Porte-Saint-Denis à la colonne de juillet.

Mademoiselle Ida avait un talent fin, gracieux, très-simple, en dehors de toutes les conventions théâtrales.

Bocage avait celui que vous lui connaissez, plus la jeunesse, excellent et précieux défaut, qui ne nuit jamais, même pour jouer les vieillards.

Nous étions donc en pleine répétition, lorsque commença l’année 1832, et que les journaux du 1er janvier annoncèrent une effroyable éruption du Vésuve.

Je ne fus pas peu étonné de voir, le 7 ou le 8, Laferrière arriver chez moi, un journal à la main. Il était aussi essoufflé que je l’étais le jour où j’arrivai chez Delacroix pour lui acheter son Marino Faliero.

— Bon ! lui dis-je, le théâtre de l’Opéra-Comique est-il brûlé ?

— Non, mais Torre-del-Greco brûle.

— Il doit y être habitué ; voilà, si je ne me trompe, onze fois qu’on le rebâtit !

— Il paraît que c’est magnifique à voir.

— Avez-vous envie de partir pour Naples, par hasard ?

— Non ; mais vous devriez tirer parti de cela.

— Comment ?

— Lisez.

Il me présenta son journal, dans lequel était une description de la dernière éruption du Vésuve.