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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/147

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cheveux déposées sur sa toilette, qu’il serra précieusement dans ses bottines, en disant à sa victime, à laquelle il donna un dernier baiser :

— Cela me fera chaud aux pieds pendant le long voyage que je vais entreprendre.

Pour se refaire, Mme Lamirale, à l’instar des financiers gouvernementaux, augmenta les prix de location et de ses services ministériels.

On la confondait souvent avec sa cousine Cargoudek, qui tenait une maison similaire aux Ternes, et qu’on appelait l’Amirale, parce que son mari avait été marin dans la flotte.

Les deux parentes se voyaient. Les deux filles de Mme Cargoudek — des bambines de douze et quatorze ans — appelaient Mme Lamirale leur tante, et ne manquaient pas de lui chiper quelques chiffons chaque fois qu’elles venaient la voir.

Un jour, elles furent surprises flagrante delicto par la gérante, qui, en leur faisant donner la fessée par la cuisinière, remarqua que les deux enfants venaient d’être déflorées.

Elle les interrogea, les menaça, leur donna du sucre d’orge et ne put obtenir que cet aveu :

— C’est notre oncle qui a joué du biribi.

— Quel oncle ?

— Mais l’homme à maman.

— Et ce cochon se nomme ?

— Ce n’est pas un cochon, il est très gentil.