Aller au contenu

Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 191 —

— Mais je ne suis ni actrice ni chanteuse, je ne connais rien du métier.

— Il est inutile de connaître autre chose que la pose. Pourvu que l’on soit jolie et bien faite, cela suffit.

L’ouvrière refusait d’abord. La tentatrice épiait sa proie et, au moment psychologique où tout s’abîme dans l’être, informée par la concierge, elle réapparaissait et enlevait plus qu’un corps, souvent une belle âme pour servir de jouet aux satyrions des débauches inavouables.

C’est par ces infâmes proxénètes que, chaque année, près de cinq mille jeunes filles qui, si elles avaient été suffisamment protégées, seraient devenues de bonnes et intelligentes mères de famille, alimentent le marché universel de la prostitution.

Qu’advenait-il de la victime ?

Séduite par les promesses du satyrion auquel la Louchard l’avait livrée, rejetée ensuite à la rue, elle était exploitée dans les mêmes conditions jusqu’à corruption complète, puis expédiée à Rio-de-Janeiro, Buenos-Ayres ou à San-Francisco, pour être promenée de ville en ville par des impresarios de la prostitution ambulante, et finissait par être assassinée par une brute ou à crever délaissée au coin d’un bois.

Le martyrologe en serait long si une commission allait enquêter sur place. Rio-de-Janeiro,