Aller au contenu

Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 190 —


à cause de leurs périodes de morte-saison, livrent, plus que les autres, leurs ouvrières aux séductions de la prostitution.

Quand les économies sont dépensées, que les magasins de la tante nationale ont englouti le dernier bijou et la dernière chemise de l’ouvrière, que la faim est au logis, que le propriétaire hurle après le terme échu ; quand au sein de cette misère irritante, apparaît la pourvoyeuse de la prostitution, le museau enfariné, éloquente de promesses et de séductions, il est bien difficile à la jeune fille abandonnée des siens, de résister à la tentation.

— Avec vos grâces, votre distinction et vos moyens, vous êtes bien sotte de vous tuer à travailler. Encore si votre travail vous permettait de vivre, mais la moitié de l’année vous restez les bras ballants devant le buffet avec la misère pour compagnie. Si vous voulez, je vous sortirai de là, disait la racoleuse à chacune des proies qu’elle visait.

— Vous êtes mille fois trop bonne, Madame, mais je ne connais que mon métier, il m’est difficile d’apprendre autre chose.

— Si, si, toutes les femmes connaissent ça. Tenez, vous m’intéressez : je connais justement un monsieur très bien qui vous fera entrer à la Scala, aux Folies-Dramatiques ou tout autre théâtre de genre que vous voudrez ; il vous paiera vos costumes et votre entretien.