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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/263

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une chambre crasseuse, hante, cauchemardeuse, sa pensée. Il la revoit, manœuvrière d’une besogne turpide, le visage enfariné — on peut dire une gueule — flétrie, la voix rauque, la bouche puante de relents d’alcool et de tabac, les lèvres sèches de corrodations alcooliques, impatiente de la fin, articulant en sa nervosité de machine fatiguée, des interjections ordurières, grignotant à la chienne un morceau de bonbonnerie sale, maculé, ou attrapant des mouches au mur au moment pathétique.

Pas une sensation, la pâmoison est nulle, rien que de l’irritation contre le mâle qui l’obture.

— T’as pas encore fini !… Qu’t’es long… M… alors… Mince de fouterie !

Et la putain va se laver le c… dans son pot de chambre, accroupie devant le type qui se reculotte.

C’est à vomir tripes et boyaux.

Une appréhension mordante le suivra pendant plus d’un jour.

Sera-ce une chaude-pisse, des chancres, des bubons, la vérole simple, la syphilis ou le paquet complet : quinte, quatorze et le point bon ?

Le fornifouillon n’a pas à choisir, le virus vénérien est aussi subtil et aussi capricieux que le venin du serpent. S’il a compté sur les prescriptions hygiéniques de la Préfecture de police, tutrice légale de la prostitution réglementée, il a compté sans son maître. Tout dans les maisons de tolérance