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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/302

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ce livre, qui, sous un libertinage apparent, démasque le vice pour en tirer une haute moralité.

Actuellement, la prostitution, génératrice de l’érotisme, est pour beaucoup une nécessité budgétaire. Cette prostitution, pour l’homme comme pour la femme, se détermine par un emboîtement de combinaisons et de trucs qui constituent la vie fausse.

Je n’argumenterai que sur ce point, mais il est capital.

Comme je l’ai déjà dit, et comme tout le prouve, il faut actuellement, en l’état de bien-être exigé par l’hygiène et les mœurs, à la majorité des ménages, un capital de trois cent mille francs, ou une situation rendant le revenu de ce capital, pour posséder l’aisance qui permette la procréation de deux enfants. Un de plus, c’est la gêne. Les millionnaires seuls peuvent humainement se permettre le luxe d’une nombreuse progéniture. Et encore souvent quand le million se compose, il est trop tard.

Mais la grande masse des ménages est loin d’avoir le revenu du capital arbitraire d’aisance ; quand il atteint deux mille francs, c’est le bout du monde.

Cette masse, prise hors des cultivateurs aisés, des négociants notables et des grands industriels, c’est-à-dire la petite bourgeoisie, les employés, les ouvriers et les petits cultivateurs, qui nous donne quatre-vingts pour cent de la population, doit donc