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Page:Dumont - Paris-Éros. Première série, Les maquerelles inédites, 1903.djvu/89

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— Je parie dix francs que je ne te laisserai pas lâcher un mot de tout cela.

— Je marche, je suis sûr de te gagner.

— C’est ce que nous allons voir.

À table, le maire fut placé entre la baronne et la comtesse.

Les femmes se jetaient des coups d’œil furtifs en souriant. Elles s’attendaient à quelques nouvelles originalités de la part du magistrat municipal. Mais Poireau et Moncupette étaient à la boustifaille. On ne peut pas tout faire à la fois.

— Vous êtes tout plein pittoresque ainsi, Monsieur le maire, provoqua l’Italienne. Vous me rappelez Torcelli, le toréador à qui j’ai vu, à Séville, toutes les femmes jeter des fleurs.

— Dame ! je ferais peut-être bien ce que ce M. Torcelli faisait. Si le cœur vous en dit, jetez-moi aussi des fleurs, je ne les refuse pas.

— Tantôt, je vous donnerai mon bouquet.

— Si vous voulez bien accepter le mien de suite, je vous le présente.

— Le bouquet conjugal, se hasarda Moncupette.

— Ferme, curé, laisse-moi, j’ai mon bouquet tout prêt ; si je le rentre, il pourrait pleuvoir. C’est dans mon almanach.

— Voyons vos fleurs, Monsieur le maire, dit la comtesse.